Peut-être que personne dans l'histoire francophone de Georgetown ne se soit tant démarqué que Thérèse St. Jean. Née en 1903 à Saint-Hyacinthe, Québec, elle était la nièce de l'abbé Clovis Beauregard. Bien qu'il ait été le fondateur de la ferme et celui qui a amené St. Jean à Georgetown, elle est la figure que la plupart des gens connaissent.
Cependant, le personnage de Thérèse St. Jean a fait quelque peu l’objet de controverse.
D'une part, elle était connue pour être une dirigeante très en vue et très respectée des francophones locaux. Elle était également connue pour avoir maintenu des liens dans la vie de nombreux orphelins, même après avoir obtenu leur diplôme de la ferme. Charles Migue, par exemple, épousa sa nièce et resta à la ferme pendant de nombreuses années. Elle a également été invitée et a assisté à plusieurs mariages dans la communauté comme celui de Jacques Levasseur.
Elle s'est impliquée dans d'innombrables événements et associations francophones et a reçu de nombreux prix. Plusieurs fois, des banquets ont été
organisés en son honneur. Elle a bâti sa réputation en poursuivant des avenues pour améliorer les vies et les institutions pour ses concitoyens francophones.
À ce titre, elle était considérée une matriarche pour la communauté francophone locale.
D'un autre côté, il y a eu aussi de nombreuses fois où elle a été publiquement critiquée.
La ferme exigeait beaucoup de travail acharné et elle et les garçons étaient très occupés. Souvent, pendant la saison des récoltes, le travail des garçons interférait avec leur apprentissage. Certains habitants pensaient qu'ils ne recevaient pas une éducation appropriée, bien que Thérèse St. Jean les ait rassurés qu'ils rattrapaient leur scolarité une fois la récolte terminée.
Puis, en 1963, quatre des garçons orphelins sont allés au journal Toronto Telegram avec des allégations d'abus. Bien qu'aucune action en justice n'ait jamais été intentée et que Saint-Jean ait continué à exploiter la ferme, de nombreuses personnes se sont souvenues de ce que les garçons avaient dit. Une partie de leurs réclamations incluait un horaire de travail très strict dont St. Jean n'autorisait aucune pause. Elle s'attendait également à ce que les ventes atteignent certaines sommes n'acceptait que les garçons ne reviennent pas avec des recettes de ventes plus petites qu’attendues. L'un des garçons, Jean Paul Roby, a déclaré qu'une fois il n'avait pas été en mesure de vendre toutes leurs pommes à Toronto et, lorsqu'il est revenu à la ferme avec des pommes non-vendues, elle l'a renvoyé la nuit pour les vendre autour de Georgetown jusqu'à ce qu’il les ait toutes liquidées.
Beaucoup l'appelaient « riche », ce que certains trouvaient discutable, compte tenu de la pauvreté dans laquelle vivaient de nombreux francophones. Certains soupçonnaient qu’elle s’enrichissait à leurs dépens en leur offrant des prêts et en leur exigeant de payer de l’intérêt.
Bien que le caractère de St. Jean ait été contesté, une chose reste claire : elle était extrêmement importante pour la communauté francophone et a été un leader crucial pour l'amener là où la communauté se trouve aujourd'hui.